Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIII.djvu/123

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1820

Printemps. Mai le décrète, et c'est officiel.
L'amour, cet enfer bleu très ressemblant au ciel,
Emplit l'azur, les champs, les prés, les fleurs, les herbes;
Dans les hautes forêts lascives et superbes

L'innocente nature épanouit son coeur
Simple, immense, insulté. par le merle moqueur.
La volonté d'aimer régné, surnaturelle,
Partout. -Comme on s'adore et comme on se querelle!
Les papillons, lâchés dans le bois ingénu,
Font avec le premier bouton de fleur venu
Des infidélités aux roses, leurs amantes;
On entend murmurer les colères charmantes,
Et tous les grands courroux des belles s'apaiser
Dans le chuchotement auguste du baiser.
O but profond des cieux, la vie universelle!
Comme, afin que tout soit solide, tout chancelle!
Comme tout cède afin que tout dure! ô rayons!
L'idylle en souriant dit au gouffre: Essayons!
Et'le gouffre obéit; et la mer sombre adore.
Le germe éclot, le nid chante, l'azur se dore;
L'éternelle indulgence au fond du firmament
Rêve; et les doux fichus s'envolént vaguement.

10 avril 1875.

1833 A J...

Puisque le gai printemps revient danser et rire,
Puisque le doux Horace et que le, doux Zéphyre
M'attendent au milieu des prés et des buissons,
L'un avec des parfums, l'autre avec des chansons,
Puisque la terre en fleurs semble un tapis de Perse,
Puisque le vent murmure et dans l'azur dis