Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIII.djvu/345

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Que ce soit un tyran. qui règne, au lieu d'un autre,
C'est un roi, l'on combat; c'est la foule, on se vautre.

Quoi! le penseur aura tonné superbement
Si c'est un empereur qui se sert du supplice,
Si c'est la multitude, il en sera complice!
-Et cet homme indigné sera l'homme ébloui!
O ciel! Après avoir dit non, bégayer oui!
Et, devant l'échafaud, dès que la foule en use,
Mettre un lâche sourire au masque de Méduse!
Voilà donc où la soif de plaire conduirait!
Non! Non! Non! Déserter, pour un sombre intérêt,
Ces vérités que nous français, nous établîmes,
Au peuple honnête et bon et plein d'instincts sublimes,
Mais préférant parfois les bas-fonds aux sommets,
Dire qu'il a raison quand il a tort,: jamais"!
Ah! plutôt qu'accepter de telles servitudes;
L'hoinnie qui parle ici fuirait aux solitudes,
Subirait tout, le froid, la faim; l'exil amer,
L'ennui, la surdité sauvage de la mer,
Tout, loin de la patrie et loin de la lumière,
Et le soir, bûcheron rentrant dans sa chaumière,
Las, pieds nus, à travers les ronces, traînerait
Derrière lui le bois coupé dans la forêt!...

27 avril 1871.