Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome I.djvu/101

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— Allons, on m’avait dit vrai ; sa courtoisie est un peu sauvage. Elle se familiarisera pourtant avec les présents des dames, quand Ulrique d’Ahlefeld lui passera au cou la chaîne de l’ordre de l’Éléphant.

— Véritable chaîne en effet ! dit Ordener.

— Vous verrez, général Levin, reprit la comtesse, dont le rire devenait embarrassé, que votre intraitable élève ne voudra pas non plus tenir d’une dame son rang de colonel.

— Vous avez raison, dame comtesse, répliqua Ordener, un homme qui porte l’épée ne doit pas devoir ses aiguillettes à un jupon.

La physionomie de la grande dame se rembrunit tout à fait.

— Ho ! ho ! d’où vient donc le seigneur baron ? Est-il bien vrai que sa courtoisie ne soit pas allée hier à Munckholm ?

— Noble dame, je ne satisfais pas toujours à toutes les questions. — Mon général, nous nous reverrons…

Puis, serrant la main du vieillard et saluant la comtesse, il sortit, laissant la dame stupéfaite de tout ce qu’elle ignorait, seule avec le gouverneur, indigné de tout ce qu’il savait.