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NOTES DE L’ÉDITEUR.

admirable dans un de ces drames de la misère. Cet évêque était Mgr Miollis, celui-là même qui devait être le Bienvenu Myriel des Misérables.

Il prit donc vers 1828 ou 1829 une note consacrée tout entière à la famille Miollis et à Mgr Miollis, évêque de Digne. Nous la reproduisons ici parce qu’on y retrouvera des détails biographiques qui figurent en partie dans le livre premier : Un Juste, et parce qu’elle fixe la date de l’origine réelle des Misérables :


Le comte Sextus-François-Alex. Miollis né 1759 à Aix. Ss-lieut. Régt Soissonnais, guerre d’Amérique, Gal Rochanteau. Siège d’York-Town. — 93 — Lieut.-colonel du bataillon des Bouches-du-Rhône. — 95 — Gal de br. armée d’Italie. — Bat le Gal Provera, fait construire à Mantoue (gouverneur) la place Virgilio. — À Gênes sous Masséna. — Gouverneur de Belle-île-en-Mer. — Monument de l’Arioste à Ferrare. — Restaure le cirque de Vérone. — Gouverneur de Rome. — Au 20 mars dirige un corps de 1200 hommes.
— Gouverneur de Metz. Retraite 1815.

Fils d’un conseiller au parlement d’Aix. Blessé à l’épaule en Italie. — Seconde Brune en Hollande. — Refuse d’adhérer au consulat à vie. — Proposé pour le Sénat. Non accepté, passe à Rome, encourage les moines de la Tolta et de Monteleone, dote l’Académie de St-Luc et réorganise celle des Arcades. — Son frère curé à Brignoles en 1804. — L’autre ancien préfet du Finistère.
Blessé d’un éclat de bombe au siège d’York-Town.

Le baron Charles-François-Bienvenu de Miollis, évêque de Digne en 1806. — Refuse de se rendre au concile de Paris convoqué par l’Empereur, et de le voir revenir de l’île d’Elbe, et n’a pas ordonné de prière publique pour N. pendant les 100 jours. — Mort évêque en 1818.

Digne. — tours carrées — vieilles murailles — Commerce de cuivre — eaux thermales bonnes pour les ankyloses et les blessures d’arme à feu.

Gaux Miollis et Radet[1]. — Nuit du 5 au 6 juillet 1809. Investissent le Quirinal. Pie VII écrivait — il résiste — Serre et donne la main au cardinal Pacca. — Est conduit à Savone. — Synode des évêques de France et d’Italie — 95 — à ND — convoqué par N. s’assemble le 17 juin 1811. — présidé par le cardinal Fesch. — À Fontainebleau. — Mort le 20 août 1823.


On remarquera que le Bienvenu Myriel des Misérables était bien en effet fils d’un conseiller au parlement d’Aix, qu’il avait été curé de Brignoles et qu’il était évêque de Digne depuis 1806, qu’il avait un frère général et un autre frère préfet. On ne pouvait donc pas s’y tromper. Mgr Miollis était si nettement désigné qu’au moment de la publication, des réclamations s’élevèrent de la part de ses descendants, qui protestèrent contre l’entretien imaginé par l’auteur entre l’évêque et le conventionnel.

Les détails biographiques étaient insuffisants, ils devaient être complétés par un exposé des idées, des doctrines, des travaux de l’évêque.

Victor Hugo, en dehors de ses recherches, utilisait les documents qui lui étaient envoyés. Nous en avons découvert un fort curieux avec ces mots en tête écrits à la main : à Mr Victor Hugo, hommage de l’auteur. C’était bien, en effet, une découverte, car il était déchiré en deux morceaux et avait été employé pour envelopper des dossiers ; sur la page blanche du verso, des notes en tous sens et de diverses écritures rappelaient des passages des Misérables.

Qu’était-ce que ce document qui portait au bas la date imprimée : décembre 1832 ?

  1. Sur l’ordre du général Miollis, alors gouverneur de Rome, et en exécution des décisions prises par Napoléon Ier, le général Radet investit le Quirinal où s’était réfugié le pape Pie VII, s’empara du pape et le fit conduire hors de Rome dans une voiture escortée par des gendarmes.