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HISTORIQUE DES MISÉRABLES.

Mettre à Thénardier beaucoup de cheveux et sur les yeux comme une perruque de cocher anglais du high life.

Insister sur les immoralités badines et cyniques du père Gillenormand.


Dans le couvent où est la règle du silence indiquer que les conversations et commérages n’ont lieu qu’entre les dames pensionnaires et les religieuses réfugiées non soumises à la règle de saint-Benoît.


Ajouter Prouvaire, revoir toute l’insurrection et la barricade au point de vue du groupe mieux expliqué.

Intercalation de S4. Relever les jeunes gens, les honorer

non bonapartistes
républicains
Ils ouvrent les yeux à Marius
s’il ne les a déjà ouverts
?[1]

Nous ne pouvons guère suivre l’ordre du roman dans la reproduction de ces documents, car Victor Hugo inscrit sur une même feuille de papier des détails se rapportant à plusieurs livres. Nous ne pouvons davantage adopter un ordre chronologique, car sur une même feuille il y a des notes de 1848 et des notes de 1861. Il prenait dans ses dossiers les papiers qui lui tombaient sous la main, et s’il y avait encore un coin blanc, il y inscrivait quelque observation ; de là une confusion, une mêlée d’indications. Bien plus, il se sert d’une double feuille de lettre portant le timbre de la poste du 11 avril 1861 et toute couverte d’écriture pour en faire la chemise d’un dossier, et il y trace en grosses lettres ce titre : « triage à faire ».

En tête de cette même feuille on lit : Résidu important, et au-dessous :


Note importante : rechercher si Marius sait le nom de Javert (affaire du galetas), s’il le reconnaît, Javert, à la barricade. Indiquer s’il juge inutile d’intercéder pour lui.

Oui, il sait le nom. Il peut reconnaître l’homme.


On voit par cette dernière note que Victor Hugo se pose la question : rechercher si Marius sait le nom de Javert, et qu’il donne aussitôt la réponse : oui, il sait le nom. C’est qu’il avait écrit vers 1845-1848 le chapitre xiv du livre VIII de la troisième partie (l’affaire du galetas) à laquelle il fait allusion. Il ne se rappelait plus, en 1861, que Marius s’était en effet rendu rue de Pontoise au commissariat pour dénoncer le guet-apens, qu’il avait rencontré Javert qui s’était nommé, et qu’il pouvait donc le reconnaître à la barricade. En écrivant sa note, il se souvient et il mentionne le fait. Ce papier figurait évidemment dans le dossier pour la révision et cette indication devait lui éviter une recherche.

Sur la même feuille, ces notes :


Faire attention que la révol. de 1830 coïncide avec le moment même où M. (Marius) devient amoureux.




L’inspecteur Javert fait prisonnier le 6 juin sur une barricade et sur le point d’être mis à mort par ordre des chefs de l’insurrection avait été sauvé par le             [2] de l’envoyé chargé de l’exécution.




Rappeler Éponine, Mabeuf, Gavroche, Courfeyrac, Enjolras, tous les amis morts, toutes les sombres scènes de la barricade et terminer ainsi : (après que le mariage est décidé) Cosette souriait, l’ombre s’en allait du front de Marius. Il ne fallait pas moins que tout ce bonheur pour effacer toute cette misère (catastrophe).


Sur le dos de la feuille double :


Marius. Cosette. — Ô misère même du plus angélique amour ! Chacun d’eux pourtant avait son embryon d’infidélité ; elle, les œillades au lancier Ernest, lui, le baiser à Éponine.


Il y a des rapprochements intéressants à faire. On retrouve dans l’épopée rue

  1. Nous donnons cette page de notes en fac-similé.
  2. Le mot laissé en blanc est illisible dans le manuscrit.