Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/135

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Notre hôtel de Cock-Pit à ce palais de roi,

À mistress Fletwood.
Et mille fois surtout, n’est-il pas vrai, ma fille ?

Le manoir d’Huntingdon, la maison de famille !

À Cromwell.
Heureux temps ! Quel plaisir, dès le lever du jour,

D’aller voir le verger, le parc, la basse-cour,
De laisser les enfants jouer dans la prairie,
Et puis de visiter, tous deux, la brasserie !

CROMWELL.
Mylady !…
ÉLISABETH BOURCHIER.
Jours heureux, où Cromwell n’était rien,
Où j’étais si tranquille, où je dormais si bien !
CROMWELL.
Quittez ces goûts bourgeois.
ÉLISABETH BOURCHIER.
Hé pourquoi ? j’y suis née.
Aux grandeurs dès l’enfance étais-je condamnée ?

Ma vie aux airs de cours ne s’accoutume pas ;
Et vos robes à queue embarrassent mes pas.
Au banquet du lord-maire, hier, j’étais hypocondre.
Beau plaisir, de dîner tête à tête avec Londre !
Ah ! — Vous-même aviez l’air de vous bien ennuyer.
Nous soupions si gaîment, jadis, près du foyer!

CROMWELL.
Mon rang nouveau…
ÉLISABETH BOURCHIER.
Songez à votre pauvre mère.
Hélas ! votre grandeur, incertaine, éphémère,

A troublé ses vieux jours ; mille soucis cuisants
L’ont poussée au tombeau plus vite que les ans.
Calculant les périls où vous êtes en butte.
Son œil, quand vous montiez, mesurait votre chute.
Chaque fois qu’abattant tour à tour vos rivaux,