Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/144

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En Irlande, et voici la lettre évangélique
Du chapelain Peters sur cet événement :
« Aux armes d’Israël Dieu s’est montré clément.
Armagh est prise enfin ! Par le fer, dans les flammes,
Nous avons extirpé vieillards, enfants et femmes ;
Deux mille au moins sont morts ; le sang coule en tout lieu ;
Et je viens de l’église y rendre grâce à Dieu ! »

CROMWELL, avec enthousiasme.
Peters est un grand saint !
THURLOË.
Faut-il de cette race
Épargner ce qui reste ?
CROMWELL.
Et pourquoi ? Point de grâce
Aux papistes ! Soyons dans ce peuple troublé

Comme une torche ardente au sein d’un champ de blé !

THURLOË, s’inclinant.
C’est dit.
CROMWELL.
Dans cette Armagh une chaire est vacante.
Nous y nommons Peters ; sa lettre est éloquente.

Thurloë s’incline de nouveau.

THURLOË, reprenant son rapport.
L’empereur veut savoir pourquoi vous tenez prêts

Des armements nouveaux, équipés à grands frais.

CROMWELL, vivement.
Qu’il nous laisse la guerre et qu’il garde les fêtes !

Avec sa chambre aulique et son aigle à deux têtes,
Que me veut l’empereur ? — M’effrayer ? — Bon germain !
Parce que, les grands jours, il porte dans sa main
Un globe de bois peint qu’il appelle le monde !

Bah ! — Foudre qui jamais ne frappe, et toujours gronde !
Il fait signe à Thurloë de continuer.

THURLOË.
Le colonel Titus, pour libelle arrêté...