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SCÈNE XIV.
CROMWELL, SIR RICHARD WILLIS, LORD ROCHESTER.
LORD ROCHESTER au fond de la salle.
M’y voici ! — Répétons bien mon thème.
Il faut d’un puritain prendre deux fois le ton,

Quand on parle à Cromwell de la part de Milton.
Davenant m’a servi. — Grâce à Milton qu’il leurre,
Je serai chapelain de Noll avant une heure.
Si le diable aujourd’hui m’emporte, — par le ciel !
Il ne m’emportera qu’aumônier de Cromwell. —
Çà, commence, Wilmot, la tragi-comédie ! —
Dans la gueule du loup mets ta tête hardie.
Et porte pour ton roi, sans plainte, ce chapeau.
Et ces chausses de drap qui t’écorchent la peau.

Tu vas revoir Francis !
Il aperçoit Cromwell et Willis qui, pendant qu’il parle, paraissent absorbés dans un entretien secret.
Mais qui sont ces deux hommes ?

SIR RICHARD WILLIS, à Cromwell.
C’est par un brick suédois qu’on fait passer les sommes ;

Et le chancelier Hyde en sa lettre me dit
Qu’un juif pour l’entreprise offre aussi son crédit.

LORD ROCHESTER, au fond.
Quoi donc ? avec lord Hyde ils disent correspondre !

Serait-ce ?…

CROMWELL, à Richard Willis.
Retournez vite à la Tour de Londre,
De peur des soupçons.
LORD ROCHESTER, toujours au fond de la salle.
Mais tout cela me confond !

SIR RICHARD WILLIS, à Cromwell.
Sa majesté connaît mon dévoûment profond.