Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/358

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Quand le jour renaissant blanchira ces demeures,

Vous serez tous pendus ! — Allez. — Priez pour moi.
Les gardes, et lord Carlisle à leur tête, entraînent les prisonniers qui tous, à l’exception de Murray et du juif, conservent une attitude fière et méprisante. Cromwell reste quelques instants rêveur, puis se tourne vivement vers Thurloë.
Fais sur l’heure apprêter Westminster ! Je suis roi.
Il rentre à White-Hall par la poterne, et Thurloë,
après un profond salut, sort par le parc.
SCÈNE IX.
LES QUATRE BOUFFONS,
Au moment où Cromwell et Thurloë sortent, Gramadoch avance la tête hors de la cachette des fous, puis sort avec précaution, examinant autour de lui si le théâtre est bien désert, puis fait signe aux autres fous de le suivre ; et les quatre fous, réunis sur la scène, se regardent les uns les autres en poussant des éclats de rire immodérés.
GRAMADOCH, à ses camarades.
Hé bien ! qu’en dites-vous ?
GIRAFF, riant.
De plus en plus risible.

ELESPURU.
Scène de l’autre monde en celui-ci visible.
TRICK.
Quelque chose de fou, de bouffon, d’inconnu.
GIRAFF.
Un spectacle étonnant, gai. — Voir Cromwell à nu !

Voir le feu sans fumée et Belzébuth sans masque !

GRAMADOCH.
Entre tous les acteurs de ce drame fantasque,

Lequel est le plus fou ? Voyons, donnons le prix.

TRICK.
C’est Murray qui, chargeant Cromwell de son mépris,

Tourne de Noll à Charle en une pirouette,
Et qui pour un drapeau prend une girouette.