Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/378

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Enfin, c’est de Lambert qu’il prendra la couronne.
C’est l’instant décisif. Qu’alors on l’environne,
Et, dès que sur son front luira l’impur cimier.
Frappons !

TOUS.
Amen !

LAMBERT.
Mais qui frappera le premier ?

SYNDERCOMB.
Moi !
PRIDE.
Moi !

WILDMAN.
Moi !

OVERTON.
Cet honneur m’est dû.

GARLAND.
Je le réclame.
Pour ne pas manquer Noll, j’ai béni cette lame.
HARRISON.
J’entamerai ! — Ma dague au vieil empoisonneur

Doit un coup pour chacun des cent noms du Seigneur ;
Et, depuis quinze jours, mon bras, je puis le dire,
S’exerce à bien frapper sur un Cromwell de cire.

LUDLOW.
La gloire d’un tel coup est grande ; et je conçoi

Que chacun d’entre nous la veuille ici pour soi.
Moi-même, si jamais ma prière constante
Sollicita du ciel quelque grâce éclatante,
C’est l’honneur d’immoler Cromwell à moi tout seul.
Je voulais que mes fils dissent de leur aïeul :
— Des Stuarts, de Cromwell il vainquit le génie ;
Et Ludlow a deux fois tué la tyrannie ! —
Mais ce même Ludlow, dévoué citoyen,
Fait passer le bonheur du peuple avant le sien.
Lambert est parmi nous le plus haut par le grade.
Porteur de la couronne, il sera sur l’estrade
Le mieux placé de tous pour frapper sûrement.