Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/419

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GARLAND, bas.
Voyez-le maintenant. C’est le fils écarlate

De Tyr prostituée.

WILDMAN, bas.
Oh ! que la foudre éclate !
Cromwell, vêtu de la robe de pourpre dont le jeune lord Roberts, richement paré, soutient la queue, s’avance gravement vers le trône. Le comte de Warwick le précède l’épée haute. Lord Carlisle le suit, la pointe de l’épée vers la terre.

SYNDERCOMB, à part.
Quel éclatant cortège il emprunte à l’enfer !

Pourpre, hermine, seigneurs dorés, soldats de fer,
Un trône empanaché qu’un dais altier surmonte,
Des femmes sans pudeur et des hommes sans honte,
Faste, pouvoir, triomphe, il ne lui manque rien.
Il nage dans l’orgueil et dans la joie. Eh bien!
Pour faire évanouir tout cela comme un rêve,
Comme l’ombre d’un char, comme l’éclair d’un glaive,

Que faut-il au Dieu fort ? Que faut-il au Seigneur ?
Il serre son poignard sur son sein.
Un peu de fer, aux mains d’un malheureux pécheur.
Cromwell, après avoir traversé lentement la salle au milieu d’un profond silence, arrive au pied du trône et se dispose à y monter. Les conjurés se glissent en silence dans la foule et cernent l’estrade.

MILTON, dans la foule, d’une voix éclatante.
Cromwell, prends garde à toi !
CROMWELL, se retournant vers le peuple.
Qui parle

SYNDERCOMB, bas à Garland.
Dieu confonde
L’aveugle, dont la voix dit gare à tout le monde !
MILTON, à Cromwell.
Songe aux ides de Mars !
OVERTON, bas à Milton.
Ne dis pas nos secrets !