Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome II.djvu/275

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— J’étais plus près de lui que je ne suis de toi.
— Il ne dit rien, sinon : Que Dieu garde le roi !
Il est fou maintenant tout à fait.

LE ROI, passant avec madame de Cossé.
Inhumaine !
Vous partez !
MADAME DE COSSÉ, soupirant.
Pour Soissons, où mon mari m’emmène.

LE ROI.
N’est-ce pas une honte, alors que tout Paris,

Et les plus grands seigneurs, et les plus beaux esprits,
Fixent sur vous des yeux pleins d’amoureuse envie,
À l’instant le plus beau d’une si belle vie,
Quand tous faiseurs de duels et de sonnets, pour vous,
Gardent leurs plus beaux vers et leurs plus fameux coups,
À l’heure où vos beaux yeux, semant partout les flammes,
Font sur tous leurs amants veiller toutes les femmes,
Que vous, qui d’un tel lustre éblouissez la cour
Que, ce soleil parti, l’on doute s’il fait jour,
Vous alliez, méprisant duc, empereur, roi, prince,
Briller, astre bourgeois, dans un ciel de province !

MADAME DE COSSÉ.
Calmez-vous !
LE ROI.
Non, non, rien. Caprice original
Que d’éteindre le lustre au beau milieu du bal !
Entre M. de Cossé.

MADAME DE COSSÉ.
Voici mon jaloux, sire !
Elle quitte vivement le roi.

LE ROI.
Ah ! le diable ait son âme !
À Triboulet.
Je n’en ai pas moins fait un quatrain à sa femme.

Marot t’a-t-il montré ces derniers vers de moi ?