Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/326

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z tous !
À Notre-Dame
Venez tous voir
La jeune femme
Qui meurt ce soir !

[La foule grossit. Rumeur. Un cortège sinistre commence à déboucher sur la place du Parvis. Files de pénitents noirs. Bannières de la Miséricorde. Flambeaux. Archers. Gens de justice et du guet. Les
soldats écartent la foule. Parait La Esmeralda en chemise, la corde au cou, pieds nus, couverte d’un grand crêpe noir. Près d’elle, un moine avec un crucifix. Derrière elle, les bourreaux et les gens du roi. Quasimodo, appuyé aux contre-forts du portail, observe avec attention. Au moment où la condamnée arrive devant la façade, on entend un chant grave et lointain venir de l’intérieur de l’église, dont les portes sont fermées.]

CHŒUR

[dans l’église.]

_Omnes fluctus fluminis
Transierunt super me
In imo voraginis
Ubi plorant animæ._

[Le chant s’approche lentement. Il éclate enfin près des portes, qui s’ouvrent tout à coup et laissent voir l’intérieur de l’église occupé par une longue procession de prêtres en habits de cérémonie et précédés de bannières. Claude Frollo, en costume sacerdotal, est en tête de la procession. Il s’avance vers la condamnée.]

LE PEUPLE


Vive aujourd’hui, morte demain !
Doux Jésus, tendez-lui la main !

LA ESMERALDA


C’est mon Phoebus De Chateaupers qui m’appelle
Dans la demeure éternelle
Où Dieu nous tient sous son aile.
Béni soit mon sort cruel !
Au fond de tant de misère,
Mon cœur qui se brise espère.
Je vais mourir pour la terre,
Je vais naître pour le ciel !

CLAUDE FROLLO


Mourir si jeune, si belle !
Hélas ! le prêtre infidèle
Est bien plus condamné qu’elle !
Mon supplice est éternel.