Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/569

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Ce qu'elle dit tout bas, je le crie à voix haute.
Je suis votre empereur, je ne suis plus votre hôte.
Soyez maudits ! je rentre en mes droits aujourd'hui,
Et, m'étant châtié, puis châtier autrui.
Il aperçoit les deux margraves Platon et Gilissa et marche droit à eux.
Marquis de Moravie et marquis de Lusace,
Vous sur les bords du Rhin ! Est-ce là votre place?
Tandis que ces bandits vous fêtent en riant,
On entend des chevaux hennir à l'Orient.
Les hordes du Levant sont aux portes de Vienne.
Aux frontières, messieurs ! allez ! Qu'il vous souvienne
De Henri le Barbu, d'Ernest le Cuirassé.
Nous gardons le créneau, vous, gardez le fossé !
Allez!
Apercevant Zonglio Giannilaro.
Giannilaro ! ta figure me gêne.
Que viens-tu faire ici ? Génois, retourne à Gêne !
Au pendragon de Bretagne.
Que nous veut sire Uther? Quoi! des Bretons aussi !
Tous les aventuriers du monde sont ici !
Aux-deux marquis Platon et Gilissa.
Les margraves paîront cent mille marcs d'amende.
Au comte Lupus.
Grande jeunesse; mais perversité plus grande.
Tu n'es plus rien ! je mets ta ville en liberté.
Au duc Gerhard.
La comtesse Isabelle a perdu sa comté ;
Le larron, c'est toi, duc ! Tu t'en iras à Baie ;
Nous y convoquerons la chambre impériale,
Et là, publiquement, prince, tu marcheras
Une lieue en portant un juif entre tes bras.
Aux soldats.
Délivrez les captifs ! et de leurs mains d'esclaves
Qu'ils attachent leur chaîne au cou de ces burgraves !
Aux burgraves.
Ah ! vous n'attendiez point ce réveil, n'est-ce pas ?
Vous chantiez, verre en main, l'amour, les longs repas,
Vous poussiez de grands cris et vous étiez en joies;
Vous enfonciez gaîment vos ongles dans vos proies ;
Vous déchiriez mon peuple, hélas! qui m'est si cher,
Et vous vous partagiez les lambeaux de sa chair!