Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome V.djvu/38

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EMMA GEMMA.

Oh ! Comment nommes-tu ce gentil jasmin-là ?

CHARLES.

Un troëne.

EMMA GEMMA.

Un troëne. Ils ont mis leur habit de gala,
Tous ces buissons. Partout des fleurs. Vois le beau saule !
La petite fait bien ses dents, elle est très drôle,
Elle égratigne avec son petit doigt vermeil.
Il me semble que Dieu m’a donné le soleil !
Charles, j’ai le soleil.

CHARLES.

Charles, j’ai le soleil. Et moi, j’ai ton sourire.
Oh ! je t’aime. Les mots ne peuvent pas le dire.
Voilà neuf ans, et c’est toujours le premier jour.

EMMA GEMMA, avec une grande révérence.

Et monseigneur le prince est payé de retour !

CHARLES.

Prince ! est-ce qu’on est prince ? on est homme, on est libre.
Le peuple veut que, roi, je lui fasse équilibre ?
Voyons sa signature au bas de ce contrat.
Personne n’est à moi, que moi.

EMMA GEMMA.

Personne n’est à moi, que moi. Que toi ! l’ingrat !
Et moi ? tu ne veux pas, dis, que je t’appartienne ?

CHARLES.

Ange ! oh oui, prends mon âme et je prendrai la tienne.

EMMA GEMMA.

Tu n’es pas prince. Soit. Ni Habsbourg, ni Bourbon.
Et moi, je ne suis pas un ange. C’est très bon