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LA RÉVISION DE LA CONSTITUTION.

vous seuls, le titre d’hommes d’état ; c’est sans aucun résultat parlementaire possible, je le répète, que vous vous obstinez à un débat si orageux et si redoutable ! Pourquoi ? pour les orages du débat ! ( Bravo ! bravo !) Pour agiter la France, pour faire bouillonner les masses, pour réveiller les colères, pour paralyser les affaires, pour multiplier les faillites, pour tuer le commerce et l’industrie ! Pour le plaisir ! (Profonde sensation.)

Fort bien ! le parti de l’ordre a la fantaisie de faire du désordre, c’est un caprice qu’il se passe. Il est le gouvernement, il a la majorité dans l’assemblée, il lui plaît de troubler le pays, il veut quereller, il veut discuter, il est le maître !

Soit ! Nous protestons ; c’est du temps perdu, un temps précieux ; c’est la paix publique gravement troublée. Mais puisque cela vous plaît, puisque vous le voulez, que la faute retombe sur qui s’obstine à la commettre. Soit, discutons.

J’entre immédiatement dans le débat. (Rumeur à droite. Cris : La clôture ! M. Molé, assis au fond de la salle, se lève, traverse tout l’hémicycle, fait signe à la droite, et sort. On ne le suit pas. Il rentre. On rit à gauche. L’orateur continue.)

Messieurs, je commence par le déclarer, quelles que soient les protestations de l’honorable M. de Falloux, les protestations de l’honorable M. Berryer, les protestations de l’honorable M. de Broglie, quelles que soient ces protestations tardives, qui ne peuvent suffire pour effacer tout ce qui a été dit, écrit et fait depuis deux ans, — je le déclare, à mes yeux, et, je le dis sans crainte d’être démenti, aux yeux de la plupart des membres qui siègent de ce côté (l’orateur désigne la gauche), votre attaque contre la république française est une attaque contre la révolution française !

Contre la révolution française tout entière, entendez-vous bien ; depuis la première heure qui a sonné en 1789 jusqu’à l’heure où nous sommes ! (À gauche : Oui ! oui ! c’est cela !)

Nous ne distinguons pas, nous. À moins qu’il n’y ait pas de logique au monde, la révolution et la république sont