Page:Hugo - Actes et paroles - volume 2.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
LA RÉVISION DE LA CONSTITUTION.

Messieurs, je résume d’un mot tout ce que je viens de dire. La monarchie de principe, la légitimité, est morte en France. C’est un fait qui a été et qui n’est plus.

La légitimité restaurée, ce serait la révolution à l’état chronique, le mouvement social remplacé par les commotions périodiques. La république, au contraire, c’est le progrès fait gouvernement. (Approbation.)

Finissons de ce côté.

M. Léo de Laborde. — Je demande la parole. (’Mouvement prolongé.’)

M. Mathieu Bourdon. — La légitimité se réveille.

(M. de Falloux se lève.)

À gauche. — Non ! non ! n’interrompez pas ! n’interrompez pas !

M. de Falloux s’approche de la tribune. — Agitation bruyante.}

À gauche, à l’orateur. — Ne laissez pas parler ! ne laissez pas parler !

M. Victor Hugo. — Je ne permets pas l’interruption.

(M. de Falloux monte au bureau auprès du président, et échange avec lui quelques paroles.)

M. Victor Hugo. — L’honorable M. de Falloux oublie tellement les droits de l’orateur, que ce n’est plus à l’orateur qu’il demande la permission de l’interrompre, c’est au président.

M. de Falloux, revenant au pied de la tribune. — Je vous demande la permission de vous interrompre.

M. Victor Hugo. — Je ne vous la donne pas.

M. le président. — Vous avez la parole, monsieur Victor Hugo.

M. Victor Hugo. — Mais des publicistes d’une autre couleur, des journaux d’une autre nuance, qui expriment bien incontestablement la pensée du gouvernement, car ils sont vendus dans les rues avec privilège et à l’exclusion de tous les autres, ces journaux nous crient :

— Vous avez raison ; la légitimité est impossible, la monarchie de droit divin et de principe est morte ; mais l’autre, la monarchie de gloire, l’empire, celle-là est non-seulement possible, mais nécessaire.