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POUR CHARLES HUGO[1]

LA PEINE DE MORT
cours d’assises de la seine (Procès de l’Événement)
11 juin 1851.

Messieurs les jurés, aux premières paroles que M. l’avocat général a prononcées, j’ai cru un moment qu’il allait abandonner l’accusation. Cette illusion n’a pas longtemps duré. Après avoir fait de vains efforts pour circonscrire et amoindrir le débat, le ministère public a été entraîné, par la nature même du sujet, à des développements qui ont rouvert tous les aspects de la question, et, malgré lui, la question a repris toute sa grandeur. Je ne m’en plains pas.

J’aborde immédiatement l’accusation. Mais, auparavant, commençons par bien nous entendre sur un mot. Les bonnes définitions font les bonnes discussions. Ce mot « respect dû aux lois », qui sert de base à l’accusation, quelle portée a-t-il ? que signifie-t-il ? quel est son vrai sens ? Évidemment, et le ministère public lui-même me paraît

  1. Un braconnier de la Nièvre, Montcharmont, condamné à mort, fut conduit, pour y être exécuté, dans le petit village où avait été commis le crime.

    Le patient était doué d’une grande force physique ; le bourreau et ses aides ne purent l’arracher de la charrette. L’exécution fut suspendue ; il fallut attendre du renfort. Quand les exécuteurs furent en nombre, le patient fut ramené devant l’échafaud, enlevé du tombereau, porté sur la bascule, et poussé sous le couteau.

    M. Charles Hugo, dans l’Événement, raconta ce fait avec horreur. Il fut traduit devant la cour d’assises de la Seine, sous l’inculpation d’avoir manqué au respect dû à la loi.

    Il fut défendu par son père. Il fut condamné. (Note de l’éditeur.)