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VIII

LA LIBERTÉ DE LA PRESSE[1]

9 juillet 1850.

Messieurs, quoique les vérités fondamentales, qui sont la base de toute démocratie, et en particulier de la grande démocratie française, aient reçu le 31 mai dernier une grave atteinte, comme l’avenir n’est jamais fermé, il est toujours temps de les rappeler à une assemblée législative. Ces vérités, selon moi, les voici :

La souveraineté du peuple, le suffrage universel, la liberté de la presse, sont trois choses identiques, ou, pour mieux dire, c’est la même chose sous trois noms différents. À elles trois, elles constituent notre droit public tout entier ; la première en est le principe, la seconde en est le mode, la troisième en est le verbe. La souveraineté du peuple, c’est la nation à l’état abstrait, c’est l’âme du pays.

  1. Depuis le 24 février 1848, les journaux étaient affranchis de l’impôt du timbre.

    Dans l’espoir de tuer, sous une loi d’impôt, la presse républicaine, M. Louis Bonaparte fit présenter à l’assemblée une loi fiscale, qui rétablissait le timbre sur les feuilles périodiques.

    Une entente cordiale, scellée par la loi du 31 mai, régnait alors entre le président de la république et la majorité de la législative. La commission nommée par la droite donna un assentiment complet à la loi proposée.

    Sous l’apparence d’une simple disposition fiscale, le projet soulevait la grande question de la liberté de la presse.

    C’est l’époque où M. Rouher disait : la catastrophe de Février.

    (Note de l’éditeur.)