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DEPUIS L’EXIL.

projet de loi pour que des funérailles nationales soient faites à Victor Hugo. (Très bien ! très bien !)

La séance est immédiatement levée.

Séance du 23 mai.

M. Henri Brisson, président du conseil :

Messieurs, Victor Hugo n’est plus. Il était entré vivant dans l’immortalité. La mort elle-même, qui grandit souvent les hommes, ne pouvait plus rien pour sa gloire.

Son génie domine notre siècle. La France, par lui, rayonnait sur le monde. Les lettres ne sont pas seules en deuil, mais aussi la patrie et l’humanité, quiconque lit et pense dans l’univers entier.

Pour nous, Français, depuis soixante-cinq ans, sa voix se mêle à notre vie morale intérieure et à notre existence nationale, à ce qu’elle eut de plus doux ou de plus brillant, de plus poignant et de plus haut, à l’histoire intime et à l’histoire publique de cette longue série de générations qu’il a charmées, consolées, embrasées de pitié ou d’indignation, éclairées et échauffées de sa flamme. (Applaudissements.) Quelle âme, en notre temps, ne lui a été redevable et des plus nobles jouissances de l’art et des plus fortes émotions ?

Notre démocratie le pleure : il a chanté toutes ses grandeurs, il s’est attendri sur toutes ses misères. Les petits et les humbles chérissaient et vénéraient son nom ; ils savaient que ce grand homme les portait dans son cœur. (Nouveaux applaudissements.) C’est tout un peuple qui conduira ses funérailles. (Applaudissements.)

Le gouvernement de la République a l’honneur de vous présenter le projet de loi suivant :

PROJET DE LOI

Le président de la République française,

Décrète :

Le projet de loi dont la teneur suit sera présenté à la chambre des députés par le président du conseil, ministre de la justice, et par les ministres de l’intérieur et des finances, qui sont chargés d’en exposer les motifs et d’en soutenir la discussion.