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LA FÊTE DU 27 FÉVRIER.

Et alors c’est un spectacle merveilleux, inouï, unique, et tel qu’on n’en vit jamais : de midi à la nuit, sans relâche, comme une mer toujours montante, le flot de la population n’a pas cessé de défiler devant la maison, en criant : Vive Victor Hugo !

Et tout était mêlé dans cette grande foule, les habits noirs, les blouses, les casquettes, les chapeaux ; des soldats de toutes les armes, les vieux en uniformes d’invalides ; des vieillards, des jeunes filles ; des mères en passant élevaient leurs enfants vers Victor Hugo, et les enfants lui envoyaient des baisers. Bien des yeux pleuraient ; et c’était le plus beau et le plus attendrissant des spectacles que celui de ce peuple les mains levées vers ce génie ; on sentait toutes les âmes confondues dans une seule et même pensée.

Plusieurs groupes, en passant devant la maison, après avoir acclamé et salué le poète, déposent à son seuil leurs couronnes ou leurs souvenirs.

La chambre où se tient le poète est bientôt remplie d’adresses et d’écrins ; nous y voyons une magnifique plume d’or ciselée, avec cette dédicace : « À Victor Hugo. Ses admirateurs de Saint-Quentin ». Puis une couronne de chêne en bronze vert, nouée par un ruban d’or massif, venant du Cercle de la même ville.

Les sociétés de gymnase de la Seine, qui ont pu traverser cette foule formidable, ont fait remettre une superbe médaille frappée pour cette circonstance solennelle ; elle est soutenue par une large palme d’argent finement ciselée.

Une admirable couronne porte cette mention : Les Français de Californie à Victor Hugo ; une autre : l’Alliance latine à Victor Hugo.

Une médaille est offerte par la Société des anciens élèves des Écoles nationales des arts et métiers.

Un livre richement relié porte ce titre : Basni Vicktora Huga. C’est un volume de la traduction des œuvres du poète en langue tchèque, celui de la Légende des Siècles.

Dans un buvard riche, à cadre de bronze ciselé, avec coins d’émail incrusté d’or et d’argent, se trouve une adresse écrite sur parchemin ; c’est celle de la Société des hommes de lettres viennois, la Concordia.

Les sociétés chantantes viennent rendre leur hommage gaulois au plus grand des Français. Parmi elles nous lisons sur leurs bannières les noms des Gais parisiens, la société des Épicuriens, et, arborant sans crainte de leurs femmes leur drapeau, la société des Amis du divorce.