Page:Hugo - L'Art d'être grand-père, 1877.djvu/111

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Songe, comme aux vieux temps d’Orphée et de Japhet,
Et l’on se sent glisser dans la spirale obscure
Du vertige, où tombaient Job, Thalès, Épicure,
Où l’on cherche à tâtons quelqu’un, ténébreux puits
Où l’âme dit : Réponds ! où Dieu dit : Je ne puis !

Oh ! si la conjecture antique était fondée,
Si le rêve inquiet des mages de Chaldée,
L’hypothèse qu’Hermès et Pythagore font,
Si ce songe farouche était le vrai profond ;
La bête parmi nous, si c’était là Tantale !
Si la réalité redoutable et fatale
C’était ceci : les loups, les boas, les mammons
Masques sombres, cachant d’invisibles démons !
Oh ! ces êtres affreux dont l’ombre est le repaire,
Ces crânes aplatis de tigre et de vipère,
Ces vils fronts écrasés par le talon divin,
L’ours, rêveur noir, le singe, effroyable sylvain,
Ces rictus convulsifs, ces faces insensées,
Ces stupides instincts menaçant nos pensées,
Ceux-ci pleins de l’horreur nocturne des forêts,
Ceux-là, fuyants aspects, flottants, confus, secrets,
Sur qui la mer répand ses moires et ses nacres,
Ces larves, ces passants des bois, ces simulacres,
Ces vivants dans la tombe animale engloutis,
Ces fantômes ayant pour loi les appétits,
Ciel bleu ! s’il était vrai que c’est là ce qu’on nomme