Page:Hugo - L'Art d'être grand-père, 1877.djvu/225

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D’ordinaire suffit à leur apaisement ;
Les lions sont sereins plus que les dieux peut-être ;
Jadis, quand l’éclatant Olympe était le maître,
Les Hercules disaient : — Si nous étranglions
A la fin, une fois pour toutes, les lions ?
Et les lions disaient : — Faisons grâce aux Hercules.

Pourtant ce lion-ci, fils des noirs crépuscules,
Resta sinistre, obscur, sombre ; il était de ceux
Qui sont à se calmer rétifs et paresseux,
Et sa colère était d’une espèce farouche.
La bête veut dormir quand le soleil se couche ;
Il lui déplaît d’avoir affaire aux chiens rampants ;
Ce lion venait d’être en butte aux guet-apens ;
On venait d’insulter la forêt magnanime ;
Il monta sur le mont, se dressa sur la cime,
Et reprit la parole, et, comme le semeur
Jette sa graine au loin, prolongea sa clameur
De façon que le roi l’entendit dans sa ville :

— Roi ! tu m’as attaqué d’une manière vile !
Je n’ai point jusqu’ici fait mal à ton garçon ;
Mais, roi, je t’avertis, par-dessus l’horizon
Que j’entrerai demain dans ta ville à l’aurore,
Que je t’apporterai l’enfant vivant encore,