Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/100

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faisant entre ses deux doigts, devenus ostensoir, l’élévation du quadruple comme on ferait l’élévation de l’hostie.

Puis il le posa sur la table, et, tout en le contemplant, se mit à parler de « la madame ». L’hôtelier lui donnait la réplique. C’était une duchesse. Oui. On savait le titre. Mais le nom ? on l’ignorait. Maître Nicless avait vu de près le carrosse, tout armorié, et les laquais, tout galonnés. Le cocher avait une perruque à croire voir un lord chancelier. Le carrosse était de cette forme rare nommée en Espagne coche-tumbon, variété splendide qui a un couvercle de tombe, ce qui est un support magnifique pour une couronne. Le mousse était un échantillon d’homme si mignon qu’il pouvait se tenir assis sur l’étrier du carrosse en dehors de la portière. On emploie ces jolis êtres-là à porter les queues des dames ; ils portent aussi leurs messages. Et avait-on remarqué le bouquet de plumes de tisserin de ce mousse ? Voilà qui est grand. On paie l’amende si l’on porte ces plumes-là sans