Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/148

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cette aventure, et pour se remettre à douter de sa raison. Évidemment c’était le mieux. Ce qu’il avait de plus sage à faire, c’était de se croire fou.

Fièvre fatale. Tout homme surpris par l’imprévu a eu dans sa vie de ces pulsations tragiques. L’observateur écoute toujours avec anxiété le retentissement des sombres coups de bélier du destin contre une conscience.

Hélas ! Gwynplaine s’interrogeait. Là où le devoir est net, se poser des questions, c’est déjà la défaite.

Du reste, détail à noter, l’effronterie de l’aventure qui peut-être eût choqué un homme corrompu, ne lui apparaissait point. Ce que c’est que le cynisme, il l’ignorait. L’idée de prostitution, indiquée plus haut, ne l’approchait pas. Il n’était pas de force à la concevoir. Il était trop pur pour admettre les hypothèses compliquées. De cette femme, il ne voyait que la grandeur. Hélas ! il était flatté. Sa vanité ne constatait que sa victoire. Qu’il fût l’objet d’une impudeur plutôt