Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/160

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tout, j’ai un point d’appui, le voilà. C’est lui. — C’est toi.

— Oh ! tu m’aimes, dit Gwynplaine. Moi aussi je n’ai que toi sur la terre. Tu es tout pour moi. Dea, que veux-tu que je fasse ? Désires-tu quelque chose ? que te faut-il ?

Dea répondit :

— Je ne sais pas. Je suis heureuse.

— Oh ! reprit Gwynplaine, nous sommes heureux !

Ursus éleva la voix sévèrement :

— Ah ! vous êtes heureux. C’est une contravention. Je vous ai déjà avertis. Ah ! vous êtes heureux ! Alors, tâchez qu’on ne vous voie pas. Tenez le moins de place possible. Ça doit se fourrer dans des trous, le bonheur. Faites-vous encore plus petits que vous n’êtes, si vous pouvez. Dieu mesure la grandeur du bonheur à la petitesse des heureux. Les gens contents doivent se cacher comme des malfaiteurs. Ah ! vous rayonnez, méchants vers luisants que vous êtes, morbleu, on vous marchera dessus, et l’on fera