Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/175

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Ces prises de corps par le simple geste de justice représentaient plutôt le mandat de comparution que le mandat d’arrêt.

Elles n’étaient parfois qu’un procédé d’information, et impliquaient même, par le silence imposé à tous, un certain ménagement pour la personne saisie.

Pour le peuple, peu au fait de ces nuances, elles étaient particulièrement terrifiantes.

L’Angleterre, qu’on ne l’oublie pas, n’était pas en 1705, ni même beaucoup plus tard, ce qu’elle est de nos jours. L’ensemble était très confus et parfois très oppressif ; Daniel de Foë, qui avait tâté du pilori, caractérise quelque part l’ordre social anglais par ces mots : « les mains de fer de la loi ». Il n’y avait pas seulement la loi, il y avait l’arbitraire. Qu’on se rappelle Steele chassé du parlement, Locke chassé de sa chaire ; Hobbes et Gibbon, forcés de fuir ; Charles Curchill, Hume, Priestley persécutés ; John Wilkes mis à la Tour. Qu’on énumère, le compte sera long, les victimes du statut