Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/197

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larité : on voyageait à cette époque, en Angleterre, de deux façons, par « le carrosse de diligence » à raison d’un shelling tous les cinq milles, et en poste à franc étrier moyennant trois sous par mille et quatre sous au postillon après chaque poste ; une voiture de maître, qui se passait la fantaisie de voyager par relais, payait par cheval et par mille autant de shellings que le cavalier courant la poste payait de sous ; or la voiture arrêtée devant la geôle de Southwark était attelée de quatre chevaux et avait deux postillons, luxe de prince. Enfin, ce qui achevait d’exciter et de déconcerter les conjectures, cette voiture était minutieusement fermée. Les panneaux pleins étaient levés. Les vitres étaient bouchées avec des volets ; toutes les ouvertures par où l’œil eût pu pénétrer étaient masquées ; du dehors on ne pouvait rien voir dedans, et il est probable que du dedans on ne pouvait rien voir dehors. Du reste, il ne semblait pas qu’il y eût quelqu’un dans cette voiture.