Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/218

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sous de la lanterne, à l’endroit où il y avait le plus de lumière, était appliquée à plat sur le sol une silhouette blanche et terrible.

C’était couché sur le dos. On voyait une tête dont les yeux étaient fermés, un corps dont le torse disparaissait sous on ne sait quel monceau informe, quatre membres se rattachant au torse en croix de saint André et tirés vers les quatre piliers par quatre chaînes liées aux pieds et aux mains. Ces chaînes aboutissaient à un anneau de fer au bas de chaque colonne. Cette forme, immobilisée dans l’atroce posture de l’écartèlement, avait la lividité glacée du cadavre. C’était nu, c’était un homme.

Gwynplaine, pétrifié, debout au haut de l’escalier, regardait.

Tout à coup il entendit un râle.

Ce cadavre était vivant.

Tout près de ce spectre, dans une des ogives du porche, des deux côtés d’un grand fauteuil à bras exhaussé par une large pierre plate, se tenaient droits deux hommes vêtus de longs