Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/232

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Ces deux hommes, le shériff et le sergent, alternaient ; rien de plus sombre que cette monotonie imperturbable ; la voix lugubre répondait à la voix sinistre ; on eût dit le prêtre et le diacre du supplice, célébrant la messe féroce de la loi.

Le shériff recommença :

— Le premier jour on ne vous a donné ni à boire ni à manger. Le deuxième jour on vous a donné à manger et pas à boire ; on vous a mis entre les dents trois bouchées de pain d’orge. Le troisième jour on vous a donné à boire et pas à manger. On vous a versé dans la bouche, en trois fois et en trois verres, une pinte d’eau prise au ruisseau d’égout de la prison. Le quatrième jour est venu. C’est aujourd’hui. Maintenant, si vous continuez à ne pas répondre, vous serez laissé là jusqu’à ce que vous mouriez. Ainsi le veut justice.

Le sergent, toujours à sa réplique, approuva :

Mors rei homagium est bonæ legi.