Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/263

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— Ah ça, cria Gwynplaine, réveillez-moi !

Et il se dressa debout, tout pâle.

— Je viens vous réveiller en effet, dit une voix qu’on n’avait pas encore entendue.

Un homme sortit de derrière un des piliers. Comme personne n’avait pénétré dans la cave depuis que la lame de fer avait livré passage à l’arrivée du cortège de police, il était visible que cet homme était dans cette ombre avant l’entrée de Gwynplaine, qu’il avait un rôle régulier d’observation, et qu’il avait mission et fonction de se tenir là. Cet homme était gros et replet, en perruque de cour et en manteau de voyage, plutôt vieux que jeune, et très correct.

Il salua Gwynplaine avec respect et aisance, avec l’élégance d’un gentleman domestique, et sans gaucherie de magistrat.

— Oui, dit-il, je viens vous réveiller. Depuis vingt-cinq ans, vous dormez. Vous faites un songe, et il faut en sortir. Vous vous croyez Gwynplaine, vous êtes Clancharlie. Vous vous croyez du peuple, vous êtes de la seigneurie.