Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/268

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Un jour un des quatre canonniers composant la garnison du château de Calshor avait ramassé dans le sable à marée basse une gourde d’osier jetée là par le flux. Cette gourde, toute moisie, était bouchée d’un bouchon goudronné. Le soldat avait porté l’épave au colonel du château, et le colonel l’avait transmise à l’amiral d’Angleterre. L’amiral, c’était l’amirauté ; pour les épaves, l’amirauté, c’était Barkilphedro. Barkilphedro avait ouvert et débouché la gourde, et l’avait portée à la reine. La reine avait immédiatement avisé. Deux conseillers considérables avaient été informés et consultés : le lord-chancelier, qui est, de par la loi, « gardien de la conscience du roi d’Angleterre », et le lord-maréchal, qui est « juge des armes et de la descente de la noblesse ». Thomas Howard, duc de Norfolk, pair catholique, qui était héréditairement haut-maréchal d’Angleterre, avait fait dire par son député-comte-maréchal Henri Howard, comte de Bindon, qu’il serait de l’avis du lord-chancelier. Quant au lord-chancelier, c’était