Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/274

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maximes monarchiques. E senioratu eripimus. In roturagio cadat. Deuxièmement : le droit royal de mutilation existe. Chamberlayne l’a constaté[1]. Corpora et bona nostrorum subjectorum nostra sunt, a dit Jacques Ier, de glorieuse et docte mémoire. Il a été crevé les yeux à des ducs de sang royal pour le bien du royaume. Certains princes, trop voisins du trône, ont été utilement étouffés entre deux matelas, ce qui a passé pour apoplexie. Or, étouffer, c’est plus que mutiler. Le roi de Tunis a arraché les yeux à son père, Muley-Assem, et ses ambassadeurs n’en ont pas moins été reçus par l’empereur. Donc le roi peut ordonner une suppression de membre comme une suppression d’état, etc., c’est légal, etc. Mais une légalité ne détruit pas l’autre : « Si le noyé revient sur l’eau et n’est pas mort, c’est Dieu qui retouche l’action du roi. Si l’héritier se retrouve, que la couronne lui soit rendue. Ainsi il fut fait pour lord Alla,

  1. « La vie et les membres des sujets dépendent du roi. » (Chamberlayne, 2e partie, chap. iv, p. 76.)