Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/288

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Il existe de féroces insectes désintéressés qui piquent sachant qu’ils mourront de la piqûre. Barkilphedro était cette vermine-là.

Mais cette fois, il n’avait pas le mérite du désintéressement. Lord David Dirry-Moir ne lui devait rien, et lord Fermain Clancharlie allait lui devoir tout. De protégé, Barkilphedro allait devenir protecteur. Et protecteur de qui ? d’un pair d’Angleterre. Il aurait un lord à lui ! un lord qui serait sa créature ! le premier pli, Barkilphedro comptait bien le lui donner. Et ce lord serait le beau-frère morganatique de la reine ! Étant si laid, il plairait à la reine de toute la quantité dont il déplairait à Josiane. Poussé par cette faveur, et en mettant des habits graves et modestes, Barkilphedro pouvait devenir un personnage. Il s’était toujours destiné à l’Église. Il avait une vague envie d’être évêque.

En attendant, il était heureux.

Quel beau succès ! et comme toute cette quantité de besogne du hasard était bien faite ! Sa vengeance, car il appelait cela sa vengeance,