Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/304

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bustion des idées troubles, dite compréhension, puisse s’opérer, il faut de l’air entre les émotions. Ici l’air manquait. L’événement, pour ainsi dire, n’était pas respirable. En entrant dans la terrifiante cave de Southwark, Gwynplaine s’était attendu au carcan du forçat ; on lui avait mis sur la tête la couronne de pair. Comment était-ce possible ? Il n’y avait point assez de place entre ce que Gwynplaine avait redouté et ce qui lui arrivait, cela s’était succédé trop vite, son effroi se changeait en autre chose trop brusquement pour que ce fût clair. Les deux contrastes étaient trop serrés l’un contre l’autre. Gwynplaine faisait effort pour retirer son esprit de cet étau.

Il se taisait. C’est l’instinct des grandes stupeurs qui sont sur la défensive plus qu’on ne croit. Qui ne dit rien fait face à tout. Un mot qui vous échappe, saisi par l’engrenage inconnu, peut vous tirer tout entier sous on ne sait quelles roues.

L’écrasement, c’est la peur des petits. La foule