Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tourbières de Pillinmore et sur les carrières d’albâtre de Trent ; de plus vous avez tout le pays de Penneth-chase, et vous avez une montagne avec une ancienne ville qui est dessus. La ville s’appelle Vinecaunton ; la montagne s’appelle Moil-enlli. Tout cela vous fait un revenu de quarante mille livres sterling, c’est-à-dire quarante fois les vingt-cinq mille francs de rente dont se contente un français.

Pendant que Barkilphedro parlait, Gwynplaine, dans un crescendo de stupeur, se souvenait. Le souvenir est un engloutissement qu’un mot peut remuer jusqu’au fond. Tous ces noms prononcés par Barkilphedro, Gwynplaine les connaissait. Ils étaient inscrits aux dernières lignes de ces deux placards qui tapissaient la cahute où s’était écoulée son enfance, et, à force d’y avoir laissé machinalement errer ses yeux, il les savait par cœur. En arrivant, orphelin abandonné, dans la baraque roulante de Weymouth, il y avait trouvé son héritage inventorié qui l’attendait, et le matin, quand le pauvre petit