Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et, à part, Ursus songea : Je ne sais plus ce que je dis. Mais son trouble extérieur, bien qu’extrême, n’était pas trop visible. Ursus luttait.

— Tout ceci, repartit Minos, implique une certaine foi au diable.

Ursus tint bon.

— Très révérend, je ne suis pas impie au diable. La foi au diable est l’envers de la foi en Dieu. L’une prouve l’autre. Qui ne croit pas un peu au diable ne croit pas beaucoup en Dieu. Qui croit au soleil doit croire à l’ombre. Le diable est la nuit de Dieu. Qu’est-ce que la nuit ? la preuve du jour.

Ursus improvisait ici une insondable combinaison de philosophie et de religion. Minos redevint pensif et refit un plongeon dans le silence.

Ursus respira de nouveau.

Une brusque attaque eut lieu. Éaque, le délégué de la médecine, qui venait de protéger dédaigneusement Ursus contre le préposé à la