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Cette toile, d’une ténuité féerique, était transparente. On voyait au travers.

Au centre de la toile, à l’endroit où est d’ordinaire l’araignée, Gwynplaine aperçut une chose formidable, une femme nue.

Nue à la lettre, non. Cette femme était vêtue. Et vêtue de la tête aux pieds. Le vêtement était une chemise, très longue, comme les robes d’anges dans les tableaux de sainteté, mais si fine qu’elle semblait mouillée. De là un à peu près de femme nue, plus traître et plus périlleux que la nudité franche. L’histoire a enregistré des processions de princesses et de grandes dames entre deux files de moines, où, sous prétexte de pieds nus et d’humilité, la duchesse de Montpensier se montrait ainsi à tout Paris dans une chemise de dentelle. Correctif : un cierge à la main.

La toile d’argent, diaphane comme une vitre, était un rideau. Elle n’était fixée que du haut, et pouvait se soulever. Elle séparait la salle de marbre, qui était une salle de bain, d’une