Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un courant irrésistible, et l’écueil. L’écueil, ce n’est pas le rocher, c’est la sirène. Un aimant est au fond de l’abîme. S’arracher à cette attraction, Gwynplaine le voulait, mais comment faire ? Il ne sentait plus de point d’attache. La fluctuation humaine est infinie. Un homme peut être désemparé comme un navire. L’ancre, c’est la conscience. Chose lugubre, la conscience peut casser.

Il n’avait même pas cette ressource : — Je suis défiguré et terrible. Elle me repoussera. — Cette femme lui avait écrit qu’elle l’aimait.

Il y a dans les crises un instant de porte-à-faux. Quand nous débordons sur le mal plus que nous ne nous appuyons sur le bien, cette quantité de nous-même qui est en suspens sur la faute finit par l’emporter et nous précipite. Ce moment triste était-il venu pour Gwynplaine ?

Comment échapper ?

Ainsi c’était elle ! la duchesse ! cette femme ! Il l’avait devant lui, dans cette chambre, dans