Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/149

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tu es marqué de ce fer-là. T’aimer, c’est comprendre le grand. J’ai ce triomphe. Être amoureuse d’Apollon, le bel effort ! La gloire se mesure à l’étonnement. Je t’aime. J’ai rêvé de toi des nuits, des nuits, des nuits ! C’est ici un palais à moi. Tu verras mes jardins. Il y a des sources sous les feuilles, des grottes où l’on peut s’embrasser, et de très beaux groupes de marbre qui sont du cavalier Bernin. Et des fleurs ! Il y en a trop. Au printemps, c’est un incendie de roses. T’ai-je dit que la reine était ma sœur ? Fais de moi ce que tu voudras. Je suis faite pour que Jupiter baise mes pieds et pour que Satan me crache au visage. As-tu une religion ? Moi je suis papiste. Mon père Jacques II est mort en France avec un tas de jésuites autour de lui. Jamais je n’ai ressenti ce que j’éprouve auprès de toi. Oh ! je voudrais être le soir avec toi, pendant qu’on ferait de la musique, tous deux adossés au même coussin, sous le tendelet de pourpre d’une galère d’or, au milieu des douceurs infinies de la mer. Insulte-moi.