Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/251

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infirmes et indifférents. Des bonshommes qui ont la goutte sont peu sensibles aux histoires d’autrui.

On se passait de main en main des copies de la lettre en trois lignes que la duchesse Josiane avait, affirmait-on, écrite à la reine sa sœur, en réponse à l’injonction que lui avait faite sa majesté d’épouser le nouveau pair, l’héritier légitime des Clancharlie, lord Fermain. Cette lettre était ainsi conçue :

« Madame,

« J’aime autant cela. Je pourrai avoir lord David pour amant ».

Signé Josiane. Ce billet, vrai ou faux, avait un succès d’enthousiasme.

Un jeune lord, Charles d’Okehampton, baron Mohun, dans la faction qui ne portait pas perruque, le lisait et le relisait avec bonheur. Lewis de Duras, comte de Feversham, anglais qui avait de l’esprit français, regardait Mohun et souriait.

— Eh bien, s’écriait lord Mohun, voilà la femme que je voudrais épouser.