Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont réunis, qu’ils soient multitude ou assemblée, ont toujours au milieu d’eux un bourreau tout prêt, qui est le sarcasme. Pas de supplice comparable à celui du misérable risible. Ce supplice, Gwynplaine le subissait. L’allégresse, sur lui, était lapidation et mitraille. Il était hochet et mannequin, tête de turc, cible. On bondissait, on criait bis, on se roulait. On battait du pied. On s’empoignait au rabat. La majesté du lieu, la pourpre des robes, la pudeur des hermines, l’in-folio des perruques, n’y faisait rien. Les lords riaient, les évêques riaient, les juges riaient. Le banc des vieillards se déridait, le banc des enfants se tordait. L’archevêque de Canterbury poussait du coude l’archevêque d’York. Henry Compton, évêque de Londres, frère du comte de Northampton, se tenait les côtes. Le lord-chancelier baissait les yeux pour cacher son rire probable. Et à la barre, la statue du respect, l’huissier de la verge noire, riait.

Gwynplaine, pâle, avait croisé les bras ; et,