Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/334

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Ces navires, les uns amarrés, les autres à l’ancre, étaient immobiles. On n’y entendait ni marcher ni parler ; la bonne habitude des matelots étant de dormir le plus qu’ils peuvent et de ne se lever que pour la besogne. S’il y avait quelqu’un de ces bâtiments qui dût partir dans la nuit à l’heure de la marée, on n’y était pas encore réveillé. On voyait à peine les coques, grosses ampoules noires, et les agrès, fils mêlés d’échelles. C’était livide et confus. Çà et là un falot rouge piquait la brume.

Gwynplaine ne percevait rien de tout cela. Ce qu’il considérait, c’était la destinée.

Il songeait, visionnaire éperdu devant la réalité inexorable.

Il lui semblait entendre derrière lui quelque chose comme un tremblement de terre. C’était le rire des lords.

Ce rire, il venait d’en sortir. Il en était sorti souffleté.

Souffleté par qui !

Par son frère.