Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/394

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seul aussi, il m’avait ramassée, et que c’était comme cela que j’étais en vie, vous ne pouvez pas vous étonner que j’aie aujourd’hui absolument besoin de partir, et que je veuille aller voir dans la tombe si Gwynplaine y est. Parce que la seule chose qui existe dans la vie, c’est le cœur, et, après la vie, c’est l’âme. Vous vous rendez bien compte de ce que je dis, n’est-ce pas, père ? Qu’est-ce qui remue donc ? il me semble que nous sommes dans une maison qui remue. Pourtant je n’entends pas le bruit des roues.

Après une interruption, la voix ajouta :

— Je ne distingue pas beaucoup entre hier et aujourd’hui. Je ne me plains pas. J’ignore ce qui s’est passé, mais il doit y avoir eu des choses.

Ces paroles étaient dites avec une profonde douceur inconsolable, et un soupir, que Gwynplaine entendit, s’acheva ainsi :

— Il faut que je m’en aille, à moins qu’il ne revienne.

Ursus, sombre, grommela à demi-voix :

— Je ne crois pas aux revenants.