Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/405

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— Vivant ! cria Ursus.

Dea répéta :

— Gwynplaine !

Et sa tête se ploya contre la joue de Gwynplaine. Elle dit, tout bas :

— Tu redescends ! merci.

Et, relevant le front, assise sur le genou de Gwynplaine, enlacée dans son étreinte, elle tourna vers lui son doux visage, et fixa sur les yeux de Gwynplaine ses yeux pleins de ténèbres et de rayons, comme si elle le regardait.

— C’est toi ! dit-elle.

Gwynplaine couvrait sa robe de baisers. Il y a des paroles qui sont à la fois des mots, des cris et des sanglots. Toute l’extase et toute la douleur s’y fondent et éclatent pêle-mêle. Cela n’a aucun sens, et cela dit tout.

— Oui, moi ! c’est moi ! moi Gwynplaine ! celui dont tu es l’âme, entends-tu ? moi dont tu es l’enfant, l’épouse, l’étoile, le souffle ! moi dont tu es l’éternité ! C’est moi ! je suis là, je te tiens dans mes bras. Je suis vivant. Je suis à