Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/46

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on se nourrit ; la science est une réalité dont on jeûne. En général on est forcé d’opter : être un savant, et maigrir ; brouter, et être un âne. Ô citoyens, broutez ! La science ne vaut pas une bouchée de quelque chose de bon. J’aime mieux manger de l’aloyau que de savoir qu’il s’appelle le muscle psoas. Je n’ai moi qu’un mérite. C’est l’œil sec. Tel que vous me voyez, je n’ai jamais pleuré. Il faut dire que je n’ai jamais été content. Jamais content. Pas même de moi. Je me dédaigne. Mais, je soumets ceci aux membres de l’opposition ici présents, si Ursus n’est qu’un savant, Gwynplaine est un artiste.

Il renifla de nouveau :

— Grumphll !

Et il reprit :

— Encore Grumphll ! c’est une objection. Néanmoins je passe outre. Et Gwynplaine, ô messieurs, mesdames ! a près de lui un autre artiste, c’est ce personnage distingué et velu qui nous accompagne, le seigneur Homo, ancien chien sauvage, aujourd’hui loup civilisé, et