Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/181

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L’astre était sans orgueil et le ver sans envie ; On s’adorait d’un bout à l’autre de la vie ; Une harmonie égale à la clarté, versant Une extase divine au globe adolescent, Semblait sortir du cœur mystérieux du monde ; L’herbe en était émue, et le nuage, et l’onde, Et même le rocher qui songe et qui se tait ; L’arbre, tout pénétré de lumière, chantait ; Chaque fleur, échangeant son souffle et sa pensée Avec le ciel serein d’où tombe la rosée, Recevait une perle et donnait un parfum ; L’Être resplendissait, Un dans Tout, Tout dans Un ; Le paradis brillait sous les sombres ramures De la vie ivre d’ombre et pleine de murmures, Et la lumière était faite de vérité ; Et tout avait la grâce, ayant la pureté ; Tout était flamme, hymen, bonheur, douceur, clémence, Tant ces immenses jours avaient une aube immense !