Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/216

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Ils étaient quatre, et tous affreux. Une litière D’ossements tapissait le vaste bestiaire ; Les rochers étageaient leur ombre au-dessus d’eux ; Ils marchaient, écrasant sur le pavé hideux Des carcasses de bête et des squelettes d’homme.

Le premier arrivait du désert de Sodome ; Jadis, quand il avait sa fauve liberté, Il habitait le Sin, tout à l’extrémité Du silence terrible et de la solitude ; Malheur à qui tombait sous sa patte au poil rude ! Et c’était un lion des sables.

Le second Sortait de la forêt de l’Euphrate fécond ; Naguère, en le voyant vers le fleuve descendre, Tout tremblait ; on avait eu du mal à le prendre, Car il avait fallu les meutes de deux rois ; Il grondait ; et c’était une bête des bois.

Et le troisième était un lion des montagnes. Jadis il avait l’ombre et l’horreur pour compagnes ;