Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 2.djvu/31

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Habite le tombeau de la haute terrasse ;
Elle est seule, elle est triste ; elle songe à sa race,
À tous ces rois, terreur des Grecs et des Hébreux,
Durs, sanglants, et sortis de son flanc ténébreux ;
Au milieu de l’azur son sépulcre est farouche ;
Les oiseaux tombent morts quand leur aile le touche ;
Et la reine est muette, et les nuages font
Sur son royal silence un bruit sombre et profond.
Selon l’antique loi, nul vivant, s’il ne porte
Sur sa tête un corps mort, ne peut franchir la porte
Du tombeau, plein d’enfer et d’horreur pénétré.
La reine ouvre les yeux la nuit ; le ciel sacré
Apparaît à la morte à travers les pilastres ;
Son œil sinistre et fixe importune les astres ;
Et jusqu’à l’aube, autour des os de Nitocris,