Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 2.djvu/47

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Adam le trouverait à Caïn ressemblant.
La vipère frémit quand elle s’aventure
Jusqu’à cette effrayante et sombre pourriture ;
Il est gisant ; il dort ; peut-être qu’il attend.

Par moments, la Mort vient dans sa tombe, apportant
Une cruche et du pain qu’elle dépose à terre ;
Elle pousse du pied le dormeur solitaire,
Et lui dit : « Me voici, Ninus. Réveille-toi.
Je t’apporte à manger. Tu dois avoir faim, roi.
Prends. — Je n’ai plus de mains, répond le roi farouche.
— Allons, mange. » Et Ninus dit : « Je n’ai plus de bouche. »
Et la Mort, lui montrant le pain, dit : « Fils des dieux,
Vois ce pain. » Et Ninus répond : « Je n’ai plus d’yeux. »



Zim se dressa terrible, et, sur les dalles sombres
Que le festin couvrait de ses joyeux décombres,
Jeta la lampe d’or sculptée à Sumatra.
La lampe s’éteignit.

Alors la Nuit entra ;
Et Zim se trouva seul avec elle ; la salle,
Comme en une fumée obscure et colossale,
S’effaça ; Zim tremblait, sans gardes, sans soutiens :
La Nuit lui prit la main dans l’ombre, et lui dit : Viens.